Quand le quotidien rentre en phase d’émergence, les narratives de la fiction peuvent nous rassurer par le biais de l’identification. Mais surtout, les miroirs qu’ils opèrent sont des sources de création de nouvelles connaissances: une porte d'entrée propice au changement positif.
Qui aurait pensé que quelques décennies de vie sur terre ne suffiraient pas à cultiver plus de certitudes que de questions ? Mais quand la réalité nous prend d’assaut -faisant bouger nos quotidiens plus ou moins structurés-, il y a souvent quelque sorte de tendance individuelle qui prend le dessus pour essayer de décoder le monde. C’est le mode de pensée de tout un chacun. Cette synthèse entre génétique, biographie, et environnement, qui définissent les traces (mutantes en même temps que caractéristiques) de chacun d’entre nous. Et qui, dans le domaine de la société, produisent aussi une certaine “intelligence collective”. Avec cependant le rappel, de que le tout n’est pas égal à la somme des “parts”; ou dans ce cas des cerveaux.
Une certaine obsession pour explorer comment on comprend le monde, comment on réfléchit aux choses : comment on produit de la pensée, ressort toujours, par ici. Souvent cela s’opère par le storytelling : cet art de construire des univers qui nous échappent et qui, pour cette raison, nous attirent. Mais qu’en même temps nous ressemblent, et pour ceci encore aussi souvent nous scotchent face aux écrans ou aux pages d’un livre (pourtant qu'ils soient bien construits).
Même processus que décrivait récemment Robert McKee. Le guru du storytelling basé à Los Angeles, itinérant un peu partout avec ces fameux séminaires, qui préconise l’importance du “story” (de l’histoire) dans toute narrative. Applicable autant pour le monde de la fiction que dans le monde du business et des organisations…pour autant qu’il soit bien compris !
Récemment, en essayant de comprendre le succès de l’œuvre cinématographique du genre “crimedy” Parasite (Bong Joon-ho; 2019), sacré meilleur film lors de la dernière remise des prix Oscars ainsi que lauréat de plusieurs Golden globes et BAFTAs, McKee tentait la suivante réflexion.
Parasite est une franche réussie car elle a deux choses que le monde veut :
- D’abord, tout le monde veut apprendre quelque chose de nouveau. On ne va pas voir ce qu’un storyteller ni un réalisateur ont créé pour confirmer encore ce que l’on connait déjà. La découverte d’un monde qu’on avait jamais vu avant, comme un explorateur qui a la chance de découvrir un nouveau temps, un monde, une autre culture, une nouvelle manière de penser: c’est ça qui rend une histoire terriblement attirante.
- Mais tout aussi important, disait McKee, est l’effet miroir. Car oui, tout le monde veut se redécouvrir encore à soit-même ! Une nouvelle découverte de soi, par le biais de la découverte de ces personnages, avec l’espoir de retrouver des trait d’humanité partagés. Surtout, ces traits positives qui nous aident à nous reconnaître par identification.
Et lorsqu’on trouve cela, le résultat est de l’empathie. On se dit, de façon subconsciente : “Ce trait humain ressemble au mien” et donc “je veux ce que lui il veut : car dans des circonstances similaires je voudrais la même chose”.
Voilà comme le storytelling nous propulse dans le découverte et l’identification, avec l’aide de l’empathie.
De retour à notre quotidien d’exception : ce processus, est-il si différent de celui qui à lieux quand on lit la réalité ?
Dans ces temps exceptionnels, comme disait Bertold Brecht, rien ne doit paraitre normal. Et vous, quelle lecture de ces temps d’exception avez-vous ?
1.Voir le concept de “Holisme” opposé à celui de “réductionnisme” pour plus de détail.
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